> Les Inrockuptibles N°461 – 29 Septembre 2004 Le premier véritable album de l’activiste folk français Angil, alias Michaël Mottet, débute par le titre No More Guitars. Pour cet adepte de l’americana tourmentée, on trouve cette déclaration plutôt gonflée, surtout lorsque retentit à la quatrième minute de ce morceau – pourtant dominé par de faibles percussions, un clavier et un sax – le rugissement d’une guitare trafiquée, qui finit seule la chanson dans un brouillard de saturation. Et les surprises vont s’enchaîner sur cet envoûtant Teaser for: Matter – les flûtes mutines de Beginning of the Fall, le xylophone rêveur de Soulshop, les trompettes inquiétantes de Sons of Benedict, qui commence gentiment sur une boucle electro pour se terminer dans un grand fracas free-jazz… On sent un peu partout sur cet album ambitieux la volonté de remettre en question un songwriting dont Angil connaît les ficelles depuis trop longtemps. On pense parfois aux Américains de Swell, pour cette manière peu orthodoxe de renouveler le folk en l’attaquant sous tous les angles. Mais Angil, ce grand solitaire, ne souffre aucune comparaison. Et sa reprise de Invisible Man, piqué aux Breeders et transformé pour l’occasion en comptine élégiaque, l’affirme haut et fort en clôture de l’album : Angil est l’homme invisible, essayez de l’attraper si vous pouvez… Martin Cazenave Pop Bigarrée avec le talentueux Angil Angil, auteur-compositeur précoce et prolixe, livre son sixième album (les cinq premiers étaient autoproduits), un grand écart entre sobriété folk et lyrisme jazz. Angil connaît ses gammes depuis de longues années déjà. Piano, orgue, flûte traversière, saxophone… Il maîtrise tous ses instruments et compose ses premières chansons, en anglais, à quatorze ans, « tout seul, en bidouillant plusieurs radios, la préhistoire du quatre pistes », selon l’intéressé. Aujourd’hui, Angil gratte sa guitare dans son coin pour élaborer ses morceaux. Il est vite rejoint par ses amis (au saxo, à la flûte…) pour mettre tout ça en boîte. Angil veut « être touché par Lisa Germano, provoqué par Why ?, remué par Coleman, dans le même mouvement ». On le sait, il n’aime pas trop les comparaisons au sujet de sa musique. Nous sommes pourtant titillés à l’idée de citer Smog et Mercury Rev, deux représentants d’univers a priori antinomiques. Le musicien fabrique régulièrement des ponts dans sa musique : l’air de rien, car Angil est agile, il nous fait passer d’ambiances folk cotonneuses à des univers plus noisy voire même hip hop (“Sons Of Benedict”). Cerise sur le gâteau folk psyché : “Invisible Man” du groupe de Kim Deal (qu’il vénère), les Breeders, repris de manière étonnante en fin de parcours. Emmanuel Dosda L'univers envoûtant d'Angil à découvrir en clip, écoute et MP3 Sorti sur le label Toulousain Unique Records, Teaser for : matter, premier véritable album de l’activiste français Angil, surprend par son ambition à sortir le folk de son marasme. Un univers à découvrir cette semaine sur lesinrocks.com avec clip, écoute et MP3… Michaël Mottet fait partie de cette frange silencieuse de musiciens à qui une légère pénombre semble profiter pleinement au teint. C’est dans les encablures vivifiantes de l’underground musical français que ce musicien a fait ses marques, délivrant sous le nom d’Angil un certain nombre de démos bricolées avec les moyens du bord. Ceux qui ont déjà eu l’occasion de se frotter à l’univers d’Angil – et ils sont malheureusement peu nombreux – auront découvert un garçon timide, à l’écriture sous influences, qui décline dans ses chansons d’obédiences folk une parade de monstres depuis trop longtemps cachés sous son lit. Si le jeune homme ne cache pas ses influences - de Will Oldham à Cat Power en passant par Swell - il opère sur son premier véritable album, Teaser for : matter, sorti début septembre sur le dynamique label Toulousain Unique Records, une catharsis bienvenue. En surmontant sa peur, Angil s’est définitivement affranchi de ses maîtres à penser et fricote désormais sans retenue avec "Ceux d’en dessous son lit". Sur Teaser for : matter, le folk redevient ainsi un musique dangereuse, évoluant sans filet dans un univers fantasmagorique. Et ses nouvelles chansons en gardent les stigmates, violentées, poussées dans leurs retranchements par des arrangements atypiques. Trompettes, flûtes, xylophones et violoncelles auraient pu y former avec les guitares une farandole guillerette. Mais c’est plutôt un climat sombre, parfois oppressant, qui prédomine. Du nocturne No more guitars aux déhanchés electro - free jazz de Sons of Benedict, de la mélodie divine de A long way to be happy, Darlene said aux épanchements noisy de Dolaytrim, Teaser for: matter surprend également par sa diversité. Agé d’à peine un quart de siècle, multi-instrumentiste de talent, Michaël Mottet a réalisé cet album ambitieux accompagné de son groupe The Hidden Tracks composé de valeureux compères qui comme lui aiment taquiner les mélodies dans le sens inverse du poil. Vous pourrez les découvrir le 23 et 24 septembre à St Etienne (le 23 au Snug, le 24 au Desert Inn), le 13 octobre à Nantes (Le Tourbillon) et le 30 octobre à Toulouse pour un concert événement en clôture du "Forum des alternatives pour la musique" où le groupe se produira dans une chapelle accompagné par un orchestre symphonique. En attendant ces dates, lesinrocks.com ne résiste pas à l’envie de vous présenter l’univers d’Angil en vous proposant de voir l’excellent clip de Beginning of the fall, réalisé par J.Yves Bernard et dont le budget de réalisation est inversement proportionnel à la profusion d’idées qui s’y développent. Vous y croiserez Marianne Faithfull, Kim Deal, Nico, quelques pochettes de disque (Beatles, Coltrane, Broadcast ou encore Low) et une armée de souris vertes bien décidées à faire la peau à un pauvre chat mis en potence. Comme un bonheur n’arrive jamais seul, nous vous proposons d’écouter, au format Real Audio, les titres A long way to be happy, Darlene said et Invisible Man, reprise hantée du tube garage des Breeders et de télécharger, au format MP3, Chains of paper man, extrait de son mini-album Summerypy (2002). Martin CAZENAVE > Les Inrockuptibles N°463 – 13 Octobre 2004 avec sampler MADE IN FRANCE 2004 > MAGIC Octobre 2004 Unique Records, le label toulousain récidive avec brio dans sa quête de spécificité en intégrant Mickaël Mottet, pianiste pénitent (comme beaucoup, il regrette d'avoir lâché trop tôt), homme-orchestre et traducteur, officiant sous le nom d'artiste Angil. Du haut d'un quart de siècle, plusieurs années d'autoproduction et pas moins de cinq albums, l'auteur est, selon ses propres termes, “un mec qui fait du folk tout en le détestant” et qui décrit son style par “des voix et arrangements anglo-saxons par un petit blanc-bec français”. Effectivement, l'écriture suinte de cette autodérision et introspection caractéristiques et Teaser For: Matter sonne comme du folk en mutation fait par un garçon à qui l'écoute de Happy Sad (Tim Buckley) ou de Shrink (The Notwist) aurait irrémédiablement collé le plus délicieux des cafards… Sous des mélodies de texture simple se cache une multitude de secrets d'élaboration complexes, prémédités et mûris, petits ponts chromatiques, passements de gammes subtils et autres pirouettes linguistiques. Un contre-pied électriquement moderne, expédie l'auditeur dans une niche néo-free-jazz (Sons Of Benedicts), endroit improbable où Yo La Tengo, Swell et Pharoah Saunders se retrouvent pour faire un bœuf. Les arrangements sont de ceux qui visent l'épure par la soustraction, un peu à la manière des Indiens d'Amazonie qui, évidant un arbre massif, le transforment patiemment en un léger, fiable et élégant esquif… Pourquoi Angil ? On n'en saura guère plus de la part d'un responsable qui avoue en toute simplicité n'avoir “jamais eu très envie de signer Mickaël Mottet”. Peut-être aussi a-t-il compris que pour (sur)vivre dans ce monde de cinglés, il est vital de savoir se réserver une part de mystère. Marc Gourdon ••••° ° > X-ROCK Octobre 2004 Les esprits étroits auront du mal à mettre Angil dans une case. "Folk foutraque" ? "Pop-faite-maison" ? Ici, la terminologie importe peu, seule la personnalité de ce précoce Stéphanois fait foi. Marqué par un certain songwriting années 70 (le même qui influence Eels ou Syd Matters), Mickaël Mottet, de son vrai nom, convoque aussi dans son petit studio l’exigence de Swell et l’esprit un poil barré de Yo La Tengo. Une seule guitare acoustique (le début de "An old acquaintance") ou électrique (la fin de "No more guitars") aurait pu suffire à notre bonheur mais Angil profite pleinement de ses subtils talents d'arrangeur. Dès lors, son folk intimiste s'enrichit de flûte, saxophone, violoncelle, Rhodes et pour finir sur une note plus personnelle, de sons de vinyls souvent en décalage. Entre pop nonchalante ("Beginning Of The Fall") et dérive obsessionnelle ("Sons Of Benedicts"), Angil arpente un chemin ténu qui paradoxalement pourra être emprunté par beaucoup. Le talent est fédérateur. Denis Z. 8/10 > Foutraque Avec sa première sortie nationale, Teaser : for matter, Angil passe directement de la catégorie découverte à celle d'album(s) de l'année. Magnifiquement arrangé par Gilles Deles (Lunt), cet album mature est unique et original. Des mélodies à la fois simples et complexes. Simple avec cette base folk, comme la poignante ballade A long way.... A l'écoute de cette chanson, les yeux se ferment, les images défilent jusqu'à ce que la voix d'Angil s'éloigne dans les méandres pour laisser place au violoncelle. Complexe par les arrangements que ne renierait pas un certain Robert Wyatt, à l'image de No more guitars et ses cuivres très légers, son violoncelle qui nous berce, le rythme entêtant du xylophone avant que la guitare ne s'envole façon Sebadoh. 2 morceaux sortent du lot par leur particularisme. Tout d'abord, She said « what you doing »..., le morceau le plus pop et le plus entraînant de l'album, inspiré par un dialogue entre Andie MacDowell et Bill Pullman tiré du film The end of violence de Wim Wenders. Puis Sons of Benedict et son rythme hip-hop, sa sonorité électro-jazz. Angil ne chante plus, il rappe. A la fin du morceau le saxophone part dans tous les sens pour arriver aux confins du free-jazz avec notamment un sample de Sun Ra. Derrière ce sax furieux, on peut entendre un autre saxophone à la sonorité cool-jazz, ce qui crée une superbe opposition. Suit l'un des chefs d'oeuvre de l'album, Dolaytrim. La voix d'Angil y est plus grave. La rythmique est impressionnante, nous faisant penser à une série de carillons. Derrière, la guitare est très noisy et le clavier Fender Rhodes donne un côté pop façon Doors. On vient de passer un agréable moment et on remet de suite la touche Play en marche pour se le repasser. On ne se lasse pas de l'écouter. A l'heure où tout va très vite, où il y a d'innombrables sorties d'album chaque mois, où l'on a plus facilement accès à la musique via internet, il est de plus en plus rare de s'arrêter aussi longtemps à l'écoute d'un album. Vivement conseillé ! Nicovara Depuis ma dernière rencontre avec ses morceaux ("Ha ha", chez Premier Disque), Angil a pris une dimension que j'espérais dans la formule "A suivre" concluant ma précédente chronique. Le style a évolué vers plus de diversité encore et les arrangements ont gagné en ouverture et en complexité. Le potentiel aperçu alors se révèle sur la longueur de ce "teaser for : matter". C'est à l'écoute d'albums de ce type que les étiquettes deviennent obsolètes puisqu'il trouve sa source au sein de tellement de courants différents qu'il en ressort un sentiment de foisonnement étonnant. Angil lui-même se qualifie de "mec qui fait du folk tout en le détestant", ce qui pourrait coller puisqu'on pense beaucoup plus à des groupes qui poussent la pop dans ses derniers retranchements (Swell, dEUS ou encore Yo La Tengo) en écoutant ses chansons bricolées à la recherche d'une sonorité, d'une atmosphère. Mais admettre cette définition de sa musique reviendrait à oublier les quelques parties voix/guitare simples et sublimes qui jonchent cet album (le début de "soulshop", "an old acquaintance") et qui prouvent qu'Angil écoute bien du folk acoustique et sait même en produire du bigrement bon. Là où Angil voulait jadis trop en faire, il trouve aujourd'hui un équilibre dans la qualité qui absorbe même les deux moments plus faibles de l'album ("the best cover ever" et "sons of benedict"). J'attends désormais la suite avec impatience. Rodérick Dans cette époque des pertes d’identités, on nous demande de croire dans un monde où le faux est partout polluant l’air et amaigrissant. Dans un soucis de ne pas se plier aux ordres je décidais de ne plus croire en rien, ou presque, sans trop forcer un naturel trop longtemps dupé par une gentillesse bêtifiante. Quand il y a plus de trois ans je recevais ma première demo d’angil il me fut très simple d’y croire, voir de ne plus croire qu'en ces chansons fragiles, touchant les os et caressant les chairs. Trois ans après c’est chez nos toulousains favoris d’unique records que ce stéphanois sort son, premier album teaser for: matter. Éclairé partiellement par un premier titre pour le volume 3 de nos compilations, teaser for: matter n’est pas un collage propre des demos passés. Mickael Mottet certainement toujours sur la brèche de sa fêlure créatrice, nous propose aucune relecture si l’on excepte l’indispensable an old acquaintance et une reprise attachante des breeders. Produit par gilles deles (alias lunt) cet album s’inscrit dans une histoire du songwriting échappé de l’emprise de la lo fi et du peu de chose. Ici les arrangements décuplent l’impact émotionnel des titres et promet à l’album de ne pas connaître un unique pèlerinage. Angil donne de la lumière à ses chansons, que d’autres auraient certainement réservées à la poussière d'une cave par économie de moyen institutionnelle et tendance chemise trouée. Quand Angil chante qu’il est happy nous le croyons même si comme on s’en doute le bonheur ne né jamais du repos des âmes. Une fêlure pour écrire, une voix, des arrangements pour tout faire trembler et la douceur d’un froid piquant pour mettre nos sens aux abois. Après cinq ans de chroniques toujours droites et sans concession je vais vous demander de me croire et de vous lever. Difficile d’arrêter d’en parler…wake up !!!. Gérald De Oliveira + PAGE SPECIALE ANGIL Il était de notre (de mon) devoir de tout compiler à la veille de cette sortie tout ce que nous avions pu écrire ou lire sur angil. Pourquoi ? parce angil colle à ce que nous avons toujours défendu. Après moultes démos, moultes chansons qui resteront chez nous comme des avertisseurs à nos capteurs émotifs, angil alias mickael mottet passe donc le cap du premier album, dans une maison que nous aimons bien. Tout est ici réuni pour que ce disque marque aussi un tournant dans nos vies de chroniqueurs du dimanche employés pour les six autres jours de la semaine. Après une première chronique longue à venir par trop de timidité face à l’objet incroyable tombé dans nos oreilles grâce au discernement de marie daubert, il s'est installé entre nous et angil une sorte d’amitié uniquement construite par des chansons qui après des centaines d’écoute ne finissent toujours pas de nous émerveiller. Je me souvient me lâcher pour le titre " i stand on my toes" parlant d'une chanson dont je ne me remettrait jamais. Que vais je pouvoir dire après "a long way to be happy, darlene said" sans trop monter trop haut dans mes altitudes. Avec angil c'est l’impression qu’un ami vide son sac devant vous uniquement pour vous, avec la tristesse joyeuse d’un homme qui sait pertinemment que pour vous aussi tout n’est pas gagné. A fleur de peau, un dénuement proche de la majesté et une approche riche en lumière, angil à ce don de l’universalité des émotions, celles qui font qu’un jour une note collée à un mot font de vos yeux le réceptacle de vos expressions lacrymales. Entré dans mon panthéon (ici rien n’est galvaudé tout est mesuré) un jeune stéphanois aura réussi à casser ma cuirasse comme peut l’auront fait. Dans plus de vingt ans je comprendrai encore mieux « on old acquaintance » et ce visage creusé de sillons se noiera toujours d’une émotion mettant à genoux, un sourire sublime sur le coin de la bouche. Gérald De Oliveira Ces dernières semaines, l'album d'Angil, un jeune homme qui m'était jusqu'alors inconnu, s'est incrusté durablement sur ma platine cd. Teaser for: matter est la preuve indéniable qu'une fois de plus, les deux patrons du label toulousain Unique Records, Gilles et Gerald, ont eu l'ouïe fine. On comprend donc qu'ils défendent avec beaucoup de passion l'album de Mickaël Mottet, fruit d'un an de travail, car il est tout simplement très bon. Une première impression qu'ont pu confirmer de nombreuses écoutes: il se dégage de cet album une inusable sérénité, un naturel et une fraîcheur vraiment enthousiasmants. Ses mélodies accroche-coeur en bandoulière, Angil promène l'auditeur au gré de ses morceaux pop-folk inventifs et généreux, portés par une écriture fine et sensible, que fait vivre la voix de l'artiste, lumineuse et mélancolique à la fois. Citons ainsi No more guitars, et sa section rythmique emballante (ah les tomes!), ou bien The best cover ever, à la tonalité plus grave, où l'on découvre une île perdue jonchée des meilleurs disques jamais crées (le rêve de tout mélomane!). "She was the best woman ever made /You wish you did her/You did not" chante Angil sur ce très beau morceau. Evoquons aussi le morceau le plus étonnant de l'album, Sons of benedict, un peu electro, un peu jazz, qui se termine sur un délire free jazz au saxophone, superposé à un vinyle de sax samplé à l'envers... du grand art, un exemple à lui seul de la qualité des arrangements, constante sur l'album. Jusqu'au dernier morceau, Invisible man, une douce reprise des Breeders, sur laquelle est conviée la voix de Lunt pour le refrain, Angil nous touche et nous ravit par ces chansons d'une évidente beauté. Un talent à suivre. Imogen (Fanzine Sud Ouest) Il me semble avoir découvert Angil via un premier mini disque paru sur le label " Premier Disque ", il me semble je dis bien ! Aujourd'hui, voici entre nos mains son tout nouvel objet, un album rempli d'une poésie éclatante, de sonorités douces et sucrées comme du miel, principalement acoustiques. Face à tant de simplicité et de charme désarmant, il reste à prévenir tous les adeptes d'une pop aérienne joyeuse et déhanchée, qu'ils devront passer leur chemin car ici on présente plutôt l'aspect mélancolique et intime de la pop. Unique, sincère et reposante, la voix du chanteur porte les morceaux de bout en bout, on soupire, on sourit mais on ne se lasse jamais. Un très beau disque. (NQB). Bon, je l'admets, ça payait pas de mine sur scène, avec une parfum charmeur et les petits accrocs du live. Et le CD est arrivé dans ma boîte aux lettres, et là, ça m'a rappelé la première fois où j'ai écouté Mathieu Boogaerts, son premier album, l'histoire d'un troubadour qui bricolait des petites mélodies dans son coin, à l'abri. Il s'agit ici du premier album d'Angil, jeune artiste stéphanois - avec quand même dix ans de background à "bricoler" la musique, qui a une diffusion nationale et l'occasion nous est offerte de découvrir de véritables pépites, des bouts de lui sous formes de notes magiques comme s'il avait trouvé en définitive la recette de faire du neuf en recyclant 10 ans de folk-rock lo-fi (je pense ici à Grandaddy, référence éminente qui couvre toutes les autres). L'émotion de sa voix et ses samples atypiques font de "Beginning of the fall", "She said 'what you doing' he said 'i am leaving'" ou "sons of Benedicts" (on se souviendra du live de cette chanson, scandée jusqu'à en faire péter le limiteur de décibels) des tubes en puissance, des ritournelles imparables que l'auditeur exsangue devant sa platine-CD n'aura de cesse de se repasser. "Dolaytrim" enfin pour cette impression de fin du monde, et de soi, un truc qui déchire dedans tellement c'est beau... A noter la présence d'une chouette reprise - cover en anglais de base - de "Invisible man" des Breeders, reprise diaphane et éthérée pour voix et clavier qui en dure pas. Et puis c'est un réel bonheur que d'entendre ces arrangements (sous la direction de Lunt), ces sons de xylophones ou de rhodes, ces voix et ces cuivres que l'ont dirait surgis de quelques folklores bariolés pour être habillés de neuf dans un nouveau décor. Recommandé par ADA (le titre en écoute ici est aussi sur la compil 3 du webzine) et chroniqué sur le site d'Arte, cet album atteint son paroxysme hypeux en étant également brandi par grandrock, parce qu'Angil est le disque de mon été 2004 ! Pedro Chroniques concerts ANGIL+MOONMAN – café Montmartre à PARIS le 17/07/04 Alors j'ai essuyé une averse en cherchant ce "damn" café, et je n'y croyais pas, abrité sous le paravent d'un boucher quand mon photographe et ami m'a dit que c'était ce repère à touristes, le café en question. De fait, la salle en sous-sol était aussi le passage obligé pour aller se vider la vessie, carrelage blanc et nickel avec une vague relent d'ammoniaque. Moonman donc, formation en binôme, batteur et guitare/chant, peu convaincante en acoustique, malgré l'effort déployé mais carrément passionnant au niveau rock amplifié (Sonic Youth / Blonde RedHead, première époque). Bridé par un niveau sonore à ne pas dépasser, le groupe a dû négocier un set entre deux eaux, entre deux niveaux. Et comme il me faut un baromètre à chaque concert, j'ai cherché dans la foule un indice de satisfaction... Elle était brune, assez grande, peau blanche et cheveux sombres teints (faut pas rêver, les vraies brunes c'est trop surfait) et dans ses yeux, rien. Bon. Angil ensuite, dernière signature du label confidentiel mais pointu Unique Records, jeune compositeur/interprète talentueux pour un set à mi-chemin entre la folk grunge de Grandaddy et le bric-à-brac foutraque de Midlake. Accompagné de son groupe, dont je n'ai malheureusement pas retenu le nom, Angil s'est lancé dans un set où il était le pivot, le distributeur de rôle, le jdr, le pacha. Un regard sur mon témoin, elle a le visage sensiblement gracieux et une propension sensible à la mélancolie... Elle doit chausser du 38. Après un début chaotique, la folk post-moderniste de l'ensemble nous ravit enfin, quelque chose de magique se passe : je n'ai pas besoin de me tourner vers mon cobaye féminin, le fait est là, ces chansons qui tiennent sur 3 bouts de fils et un morceau de scotch malhabilement posé sur le pourtour ont quelque chose de touchant, une luminosité intacte qui révèle la fragilité de l'âme. Angil discourt et échange avec son public (peu nombreux hélas), se tourne vers ses musiciens (un xylophoniste, une flûtiste traversière, un faiseur de bruit étrange) pour donner ses consignes, trébuche sur ses pédales d'effet, enregistre ses boucles rythmiques. Et si on lui pardonne le soupçon de maladresse dans son jeu de scène, c'est juste pour qu'il chante et nous livre les petites perles qu'il compose dans son coin depuis si longtemps. Alors l'artiste se plie aux usages et de fait, c'était un bon concert. Dernière vérif', oui, elle a le sourire, son visage a cette lumière qui irradie de l'intérieur, alors je ne me suis pas trompé sur les impressions. Pedro ANGIL+ELECTROPHONVINTAGE+MINIMILK+LEMOINE – Médiathèque Associative TOULOUSE le 01/06/04 Il est de ces concerts intimistes, à demi secrets, où la plupart des spectateurs sont des amis ou des connaissances des groupes. Ce genre de concerts trop rares car denses, où les musiciens se donnent sans compter, nous livrant cette partie souvent voilée qu’est leur sensibilité. Sous la houlette de Unique Records, la médiathèque associative de Toulouse « Les Musicophages » accueillait en ses murs trois groupes aux univers différents, mais ayant tous un goût prononcé pour le folk. La soirée commença par Lemoine (Stéphane de son prénom), un brin imposant, timide mais terriblement gentil. Guitare à la main, voix grave et paroles en anglais. Dès les premières notes, l’ambiance s’installa, tandis que le public s’asseyait tout en silence. Les bruits dans la rue disparurent et les portables devinrent muets. Après quelques compositions dans la langue maternelle de Shakespeare, Lemoine s’essaya en français. Départ hésitant mais la langue prit son pas naturel, la clarté de ses textes aussi. Des textes pas toujours gais mais terriblement bien accompagnés. Pas le temps de souffler que le second groupe, Minimilk, fit son apparition. Un duo étonnant et complémentaire. L’un joue de la guitare (Sébastien), autant que l’autre joue de sa voix, pendant et après les chansons (Remy). Des textes en anglais, doux et amoureux, soutenus par une petite voix un peu frêle mais charmante, donnant de temps en temps un petit rayon de soleil à la nuit naissante. Suivit Electophön Vintage, le projet solo de Remy (également membre de A Place For Parks). Moins colorée que celle de Minimilk, la prestation de Remy fut distrayante, entre vignettes folk (guitare et synthé antédiluvien), blagues atypiques (« C’est l’histoire d’un homme qui était tellement pieux qu’on en a fait une clôture ») et petites maladresses. La fin de la soirée se conclut de fort belle manière avec la présence d’Angil, qui a subjugué son auditoire. Seulement accompagné d’une violoncelliste (Géraldine), de sa guitare électrique et de pédales à effet, ce dernier, le temps d’une petite heure, a fait basculer nos petits cœurs. Il est dur rétrospectivement d’en décrire le contenu tant son univers est riche en surprises (rythmique faite à partir de petit tapotement sur un micro ou mélodies sifflotées et mises en boucle) et profondément émotif. On en ressort un peu hagard et rêveur, tout en se souvenant d’un refrain de Minimilk « Don’t wake me up ! ». Comme le fut cette soirée, un rêve tout éveillé. DrBou ANGIL au festival PRIMAVERA Barcelone le 28/05/04 A quelques mètres de là, en même temps que le concert de l'implacable Tex la Homa, Angil saluait un public plus que réduit, accompagné pour l'occasion d'un groupe bien fourni et balèze. Son folk (quelquefois anarchique) tire vers le free jazz et l'improvisation. Apprécié, bien que ni les conditions ni le public ne fussent idéaux. ANGIL au festival PRIMAVERA Barcelone le 28/05/04 Une surprise hautement rafraîchissante : de la pop iconoclaste, une bonne interprétation et des arrangements de saxophone, flûte et samples bien sentis. A suivre ! Chroniques des précédents albums: Le projet Angil a vu le jour en octobre 1998. C'est un CD de 22'44", enregistré à Saint-Etienne et comportant dix titres écrits, composés et joués par Mickaël Mottet. Le Roannais, qui officie au chant et à la batterie comme aux guitares et aux claviers, a reçu pour ce faire l'aide du chanteur du combo stéphanois Twang!, Ives Grimonprez. Après une entrée en matière en forme de régression infantile - Lennon nous a fait le coup autrefois avec son premier rejeton à la batterie sur YaYa-, on découvre des chansons en bon anglais sur des arrangements le plus souvent minimalistes, presque dénués de basses et appuyés sur des rythmiques claires (cymbales, guitares, paumes de mains). A l'ostentation instrumentiste, exception faite d'un beau solo de sax tourmenté, M. Mottet préfère les recherches d'ambiances et les ruptures de ton. Ainsi s'exerce-t-il à torpiller le confort trompeur d'une séduisante balade acoustique par un arrière-plan électrique torturé, et la joliesse d'une mélodie par un son bien rêche. La nature de ce dernier, sur deux ou trois chansons, ne semble d'ailleurs pas complètement maîtrisé. Quant aux textes, redisons-le, ils sont bien tournés. > Magic! #37, janvier 2000 - Roma > Magic! #43, juillet / août 2000 - Ha Ha! > Pop News, mai 2001 - Ha ha! > A découvrir absolument - Beeguending > Jade Web, le Journal des Autres - Beeguending > It's Only Rock, février 2002 - Beeguending > Magic! #55, octobre 2001 - Beeguending > Clarknova, mars 2002 - Beeguending > A découvrir absolument - Summerypy > Clarknova - Summerypy (****) > Matamore - Summerypy > Soit dit en passant - Summerypy > Autres Directions - Summerypy > A découvrir absolument - 2 titres Beginning of the fall |
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