the john venture | the john venture (UR14 , 2006) |
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clip video de "Imaginary Physical Ailments" par Vj Raize |
The John Venture est le projet commun d'Angil&The Hiddentracks avec Broadway du label facto records. Ce disque allie à merveille leurs 2 univers, à savoir le post-folk d'Angil avec l'abstract hiphop electro de Broadway. Le disque se présente sous la forme d'un digipack avec un CD 9 titres et un DVD contenant la mise en image de tout l'album par Vj Raize de Broadway, ainsi qu'un reportage sur les sessions studios.
Interview audio de The John venture pour TELERAMA RADIO (Octobre 2006).
Interview de John Venture pour le webzine FROGGY'S DELIGHT (Octobre 2006).
Interview de John Venture pendant le Printemps de Bourges pour le webzine LIABILITY (Avril 2007).
Interview de John Venture pour le webzine INDIE ROCK MAG (Octobre 2006).
Interview de John Venture dans le cadre du Printemps de Bourges pour le webzine FROGGY'S DELIGHT (Avril 2007).
Interview video pour la tv locale toulousaine OC-TV (Juillet 2007) lors du concert à La Chapelle.
Interview de John Venture avec le magazine LONGUEUR D'ONDES (Hiver 2007).
Mais que se passe-t-il à Saint-Etienne ? Quel drôle de vent souffle là-bas pour inspirer à la scène musicale locale une telle poussée de fièvre ? D'Angil, on célébrait déjà l'œuvre protéiforme, activiste et souvent passionnante (l'album Teaser for: Matter, sorti il y a deux ans déjà, qui lorgnait du côté du free-folk). De B R OAD WAY, on connaissait l'album 06:06 AM, concassage inspiré entre electronica et post-rock.
A la faveur d'une résidence commune, ces deux groupes ont commencé à emmêler leurs pinceaux, à jauger leurs différences et à célébrer leurs ressemblances. The John Venture est né ainsi, dans une genre de partouze musicale où on ne sait plus au final à qui appartient ce sample, cette guitare ou ces idées polissonnes. Avec comme modèle avoué les exactions de labels américains comme Anticon ou Lex, The John Venture joue du hip-hop avec des outils d'électroniciens, mélange folk, ambient et musique concrète, et croise deux voix ? celles d'Angil et de Fabb ? peu habituées à tant d'élasticité.En France, rares sont ceux à s'être engagés sur des terres aussi inexplorées.
Martin Cazenave
Adepte des rencontres improbables, des concepts à la mord-moi le n'ud qui aboutissent à un improbable état de grâce, à la fois fragile et majestueux, l'album de The John Venture est fait pour vous. A l'origine de cette drôle d'aventure, on retrouve deux groupes originaires de St Etienne, Angil & The Hiddentracks et B R OAD WAY, deux formations déjà réputées pour leur goût des interdits et leurs fréquentes remises en question. C'est à la Fabrique (www.la-fabrique.org), centre de création musicale de St Andrézieux (à coté de St Etienne), que les deux groupes ont tout d'abord imaginé ce projet. Cette résidence commune d'une semaine en février 2005 annonçait la couleur : un concert d'Angil & ses ouailles au premier étage était filmé et remixé en direct au rez-de-chaussée, par B R OAD WAY. Un escalier permettait aux spectateurs d'assister à l'une et/ou l'autre des performances.
Après cette première rencontre musicale un tantinet tarabiscotée, les deux groupes ont décidé de se rapprocher encore un peu plus, créant l'entité The John Venture (jeu de mots sur "joint venture", terme économique pour définir une co-entreprise). C'est Hymnie s Basement, une autre entité réunissant deux activistes américains, Fog et Why , qui leur donnera la marche à suivre. Ces deux artistes de l'excellent label Lex s'étaient en effet, pour la réalisation de leur album, enfermés pendant une semaine dans les sous-sols d'un disquaire, écrivant un morceau par jour.
C'est avec ce plan d'attaque contraignant qu'Angil et B R OAD WAY se sont réunis dans les studios de ces derniers, écrivant et enregistrant en neuf jours les neufs titres de cet album pas banal. Du folk défroqué d'Angil et de l'electro contemplative de B R OAD WAY, The John Venture n'a rien gardé, créant un hybride fantasmagorique, lorgnant du coté du hip-hop, de l'ambiant et du free jazz. Produit par Gilles Deles, déjà responsable de l'estimable Teaser : For Matter d'Angil, cet album sonne comme peu de choses de part chez nous. On pense forcément à leurs cousins lointains d'Anticon, parfois aux regrettés Soul Coughing pour cette utilisation vicieuse des samples.
A ce projet musical déjà conséquent, B R OAD WAY a apporté sa science du VJing, donnant lieu à un DVD de courts métrages vendu avec l'album et illustrant de la plus belle manière qui soit les expérimentations du groupe.
Martin Cazenave
Deux groupes stéphanois fous d’expérimentations et d’hybridations hors normes foulent des sentiers sinueux tout au long de cet album concept et complexe. Unique…
L’inquiétant "Stein Waltz" de "The John Venture" nous avait titillé les oreilles sur la compilation anniversaire (5 ans) du label bien nommé, Unique. L’entreprise John Venture se compose d’Angil (épaulé par son groupe, The Hiddentracks) et du quatuor (deux bidouilleurs electro + un chanteur + un VJ) B R OAD WAY, tous du côté de Saint-Etienne. Ces voisins et amis, rassemblés par des envies communes et des goûts (pointus) partagés, décidèrent de confronter leurs univers lors d’une performance musicale inédite dans le lieu de création La Fabrique, puis de poursuivre leur collaboration en studio.
Quand le folk fragile d’Angil et l’electro déviante de B R OAD WAY se frottent, ça pique. Passages jazzy (grâce aux cuivres de la troupe d’Angil), habillages electronica (B R OAD WAY est fana de Boards of Canada), enluminures faites de samples pas simples, décollages hip hop (“Night Shift Day Shift” contient même un clin d’œil à A Tribe Called Quest) et finales noisy épiques : l’aventure “The John Venture” est vertigineuse. Les combos electro folk Animal Collective et Why ?, les écuries hip hop Anticon et Lex, ont aujourd’hui des concurrents inattendus… venus du centre de l’hexagone.
Emmanuel Dosda
La ville de Saint-Etienne a beau ne pas être la plus glamour de l’Hexagone, elle a le grand privilège d’héberger des grands talents de la scène musicale nationale. Prenons le cas de Mickaël Mottet, alias Angil. Passé le cap de son remarqué Teaser for: Matter (Unique Records, 2004), le leader de The Hidden Tracks pose une fois de plus ses valises à domicile, pour y trouver la très engageante compagnie de ses concitoyens B R Oad Way. Flash-back en février 2005. Nous sommes à la Fabrique, les deux projets se retrouvent pour une semaine de résidence, l’un au rez-de-chaussée (B R Oad Way) filme et remixe en direct le concert de l’autre au premier. L’escalier tombé, Mottet et ses six petits camarades, inspirés par l’expérience Hymie’s Basement (soit la réunion de Why? et Fog sur le label Lex, 2004), s’enferment quinze jours en studio, le temps de réaliser les neuf tracks de ce désarçonnant – et passionnant – John Venture. D’abord perplexes, sans doute effrayés à l'idée d'entendre un Syd Matters égaré dans les méandres de la galaxie Anticon, nous ne remercierons jamais assez la petite voix qui nous a persuadés de persévérer. Plus les écoutes s’enchaînent et plus les insondables richesses de l’album se dévoilent. Rarement folk, hip hop et electronica n’auront sonné aussi juste que sur ce tout grand disque, agrémenté d’un DVD où les vidéos de VJ Raize percutent tout en délicatesse un univers où il fait vraiment bon insister.
Fabrice Vanoverberg
Comme nombre de mélomanes, Mickaël Mottet et ses amis de Broadway ont un jour découvert les albums de Doseone, Slug et Why?. Comme certains critiques avisésn ils ont compris que ces disques, non contents de revitaliser le rap, ouvraient un aire nouvelle de création musicale. Comme nul autre en Europe, ils ont pensé qu'il fallait relever le défi et investir ce vaste champ de leur propre identité. C'est ainsi, après un concert expérimental à la Fabrique (Angil&The Hiddentracks au premier étage, Broadway au rez de chaussée), qu'est né le projet The John Venture. Avec pour cadre géographique les alentours de Saint Etienne, où l'on connait le sens des sentiments post-industriels, et où l'urgence de la mode résonne à peine comme un bourdonnement désincarné. Le produit de ces deux semaines d'enregistrement est un miracle d'inventivité électro-acoustique, l'expression d'une dynamique de groupe forgée dans la torpeur des combats fraternels et nocturnes. Entre poésie politique et jeu oulipien, film noir et magie blanche, The John Venture incarne souverainement un imaginaire ascensionnel, mettant son talent pluriel (pour l'écriture ou la vidéo, le saxophone ou le laptop) au service d'une émotion libre et ludique. De scansions en fulgurances, ces jeunes gens établissent des branchements inattendus entre coeur et cerveau, bouleversant les cartographies sonores qu'ils explorent.
Michaël Patin •••••°
Héraut de la musique indépendante française, le label toulousain "Unique" ne cesse de surprendre par la qualité de ses productions. Ce projet est le fruit de la collaboration entre Angil et Broad Way. Né de sessions intenses d’improvisations, "The John Venture" unit parfaitement l’univers de ces artistes stéphanois : folk intime pour le premier, electro - hip-hop pour le second. Deux voix, deux platines, une guitare, un piano, un trombone et pas mal de samples constituent la nourriture sonore de ce disque.
Entre jazz dissonant, electronica et postrock épique, ces artistes dessinent un paysage onirique, avant-gardiste, poétique, qui n’a absolument rien à envier aux pontes de la scène alternative américaine (Animal Collective, Fog, le label Anticon...).
Damien Almira
The John Venture est un projet un peu fou qui réunit deux groupes de Saint Etienne, Angil & the hiddentracks d’une part et Broadway d’autre part. Le principe ? Ecrire, enregistrer et mixer une chanson par jour sans jamais revenir le lendemain dessus. Résultat de cette drôle d’idée : un album qui fait sauter quelques cloisons musicales entre folk, musique électronique et hip hop.
Denis Zorgniotti
Pendant le temps d'une soirée Angil et Broadway ont été des voisins bruyants et brillants, l'un, angil, donnant aux autres, broadway le loisir de coller des images à un son venant de l'étage du dessus. Fort de cette expérience, ce stand up protéiforme, pour coller à notre époque, les deux se sont rejoins plusieurs soirs de suite avec comme dogma souple de boucler un morceau par soir. Si l'idée de base m'avait laissé perplexe à l'idée d'une alliance de ces deux mondes, la performance d'Angil à Reims m'avait rassuré sur la faculté de celui ci à se confronter à ces ambiances lointaines. The john venture n'est pas pour autant Angil chantant pour Broadway, pas plus que le contraire, les deux mixant leurs univers, jouant avec les pinceaux des uns et des autres évitant l'écueil d'un split album masqué pour réussir une œuvre collective. L'ambiance de john venture n'est pas sans rappeler les caves de jazz, la naissance d'un underground fureteur, qui ici rencontrerait la technologie, le sample et une certaine idée du rap ou du slam (autre tendance lourde). Envoyé en éclaireur sur le volume 10 de nos compilations Stein waltz nous avait impressionné par son caractère tendu comme une rencontre unique entre le tricky sous tension et soul coughing. Jeux de voix (on se complète quand nous nous pensons être dissemblables) sur coin-operated comme une performance addictive de diction directe et divertissante, passage en douceur et en danger (old europe), coloration rap plus appuyée pour le surréalisme des mots s'amusant (night shift day shift), john venture c'est tout et plus encore. A votre loisir de poser un dvd chez votre voisin du dessous de mettre le cd chez vous et de faire partager à l'ensemble de votre communauté géographique une expérience pas comme les autres…..une expérience unique.
Gdo
A l’heure des fusions et désacquisitions, des OPA et des effusions capitales, d’autres trouvent l’alternative. Ils sont partout et plein, ici et ailleurs, à créer et diffuser, émouvoir parfois, se regroupent, s’assemblent et s’unissent contre, en vrac, Pascal Nègre, Rupert Murdoch, la nouvelle économie et le parisianisme ambiant.
Le héros des temps modernes, laptop en bandoulière, se nomme John Venture, création hybride née de Papa et son folk expérimental (Angil) et maman à l’électronica sensible (Broadway).
Une rencontre improbable et nécessaire qui aboutit à un premier album hybride et musicalement modifié. Une joint venture bien nommée, partie d’un délire en sursaut : réunir les deux groupes pour enregistrer en 18 jours cet album en guise de (ré) création.
The John Venture, loin d’être un one shot foutraque réunion de deux entités bordéliques, a de quoi surprendre. Et ce n’est pas la piste d’ouverture "Names" qui sifflera le contraire. Croisée des chemins entre les expérimentations de Johnny Greenwood sur Kid A et trip incisif à la Mogwai, la bande de Saint Etienne prouve que oui, il y a bien une vie créatrice au-delà de la porte de Bagnolet.
Le beat numérique l’emporte sur la structure, les refrains et les couplets. Dépassés par la force du collectif qui parvient à signer chef d’œuvres intimistes avec piano et laptops ("Coin-operated") et vagues d’electronica sur lesquelles Boards of canada n’aurait pas refusé de scratcher. "Stein wlatz", déjà présente sur la compil de Unique Records, s’avère à la croisée des chemins entre rock beat et rap, avec cette introduction violente et énorme. Du slang peut-être, sur fond de poum-tchak poétique.
Et crucial retour à la réalité sur "What extra mile", sublime moment de douceur tout en clavier doux comme la mousse des forêts au beau matin. L’influence de dEUS se fait ressentir sur les parties vocales, rocailleuses et en canon, sans jamais alourdir l’ensemble.
La VRAIE force de John Venture, c’est en quelque sorte l’ajout des chromosomes d’Angil pour l’intime et de Broadway pour l’atmosphère. Et de John Venture comme de la majorité des marmots on ne saurait dire s’il tient plus du père ou de la mère.
L’ensemble confirme encore une fois que le meilleur n’est pas forcément au centre. "Night shift day shift" enterre tous les doutes possibles, avec ses cuivres au second plan, sa beatbox, ses powers chords bien grasses et son phrasé de mec du 9-3. Le rock est charmé, l’auditeur déjà dans le lit, à poil, attendant son heure. Prêt à passer à la casserole. Définitivement, Paris est à la périphérie du cœur, et John Venture une artère coronaire incontournable. Longue vie au rejeton.
David Didier
La collaboration pourrait, de prime abord, paraître saugrenue pour qui aura écouté Teaser For : Matter, le premier album ingénieux de pop-folk symphonique d’Angil, et celui du collectif B r oad way, entre musique de film à fortes connotations hip-hop et réminiscences électronica. Mais Angil tout comme le collectif de DJ/VJ sont originaires de Saint-Etienne et une résidence commune à la Fabrique autour d’un projet croisé (les uns jouant à l’étage pendant que les autres les remixaient en direct à l’étage du dessous) aura donné envie aux protagonistes de poursuivre l’expérience. Ainsi tout le monde se retrouve pendant 2 semaines pour composer The John Venture, soit un disque audio et sa mise en images sur dvd (montage et collage, utilisant beaucoup d’images d’archive datant de la prohibition aux Etats-Unis). Cet album est tout simplement touché par la grâce alternant ambiances oppressantes (Night Shift Day Shift par exemple) et douceurs à la fois mélodieuses et tarabiscotées marquées de la patte d’Angil. Que ce soit la voix de Michaël Mottet qui se marie merveilleusement à un tissu électronique inventif et multicolore ou les MC de Broadway qui donnent la réplique aux envolées de The Hiddentracks, les musiciens qui accompagnent Angil, peu de collaborations auront abouti à une telle réussite, à s’affirmer avec une telle évidence. Difficile à croire, mais ces gars qui viennent des monts du Forez assouvissent ce fantasme. Magnifique.
Denis Frelat
A ma droite, Angil fait partager son folk mélancolique depuis près de dix ans et cinq albums autoproduits, celui-là qu'il baigne dans d'habiles arrangements, et sur lequel il pose une voix douce et émouvante. À ma gauche, Broadway, auteur d'un premier album remarqué, préfère les ambiances hypnotiques et envoûtantes de son electronica aux penchants post rock. Deux approches différentes mais loin d'être opposées.
La preuve sur ce "The John Venture", mariant et mélangeant ces deux univers pour un résultat atypique qui n'aurait jamais vu le jour sans deux évènement notoires. D'abord, cette résidence commune à La Fabrique débouchant sur un concert particulier, Angil évoluant au premier étage, tandis que Broadway le filmait et le remixait simultanément au rez-de-chaussée. Une première expérience partagée qui poussa ces artistes à faire tomber ce plancher qui les séparait pour se retrouver, ensuite, enfermés dans un même studio, façon "Hymie's Basement" (Lex Records), cet opus commun entre Fog et Why? (deux artistes dont Angil et Broadway partageaient déjà l'intérêt) qui fut en 2004 un véritable déclic pour la troupe.
Angil et Broadway s'inspirent donc ici de la même idée, investissent La Fromagerie pendant deux semaines (voir le DVD qui accompagne ce disque, comprenant également une illustration vidéo de chacun des morceaux) afin d'accoucher d'un album commun, et en ressortent neuf titres imprégnés de leurs touches musicales respectives et forcément très proches de leur modèle américain. Pourtant, "The John Venture" va plus loin que le pâle plagiat auquel vous concluez sûrement déjà.
Car ici règne une véritable osmose qui s'entend tout au long de ce disque homogène, profond, mélancolique, gracieux et d'une beauté paradoxalement légère et pesante. En effet, si les ambiances relativement glauques servent de fil rouge, celui-ci est assez large et solide pour nous emmener jusqu'à la fin de ce "The John Venture", tout en passant de moments pesants, monotones mais captivants ("Names", "Imaginary Physical Anilments") à d'autres plus pop et accrocheurs ("Egg Music"), brossant dans le sens du poil l'auditeur peu habitué à ce genre d'approche musicale, et contrebalançant quelques sonorités plus ouvertement electro hip hop ("Stein Waltz", "Night Shift Day Shift"). C'est le cas notamment des très réussis "Coin-Operated" et "What Extra Mile?", emmenés par quelques notes de piano répétitives enrichies d'une large dose de bidouilles de bon goût, ainsi que du superbe et très folk "Old Europe", titre le plus touchant de cet opus.
S'inspirer sans copier, c'est le difficile pari que remportent ici Angil et Broadway. Sans aucun doute, "The John Venture" ne pourra renier ses préférences musicales auprès du public Anticon qui, cependant, abordera ces neuf titres comme un complément ravivant les braises, plutôt qu'une pâle copie sans intérêt. Aucune franchouillardise fatale ne s'échappe de ce genre de disque trop rare sur la scène musicale française. Pour cette raison, comme pour des milliers d'autres, ne passez pas à côté d'une des plus belles surprises hexagonales de l'année.
Matthieu
Quelle surprise, en cette rentrée, que d’écouter en simultané Angil (accompagné de son groupe The Hiddentracks) et Broadway. Deux univers à priori opposés où l’un épanche sa folk ensoleillée tandis que l’autre produit un hip-hop éthéré sous fond de cinématiques parfaitement orchestrées. Rien, donc, ne devait les faire se rencontrer mais le déclic d’artistes communément adorés (Why ? et Fog, pour ne pas les citer) les a poussés à collaborer ensemble . C’est donc dans le sous-sol d’un disquaire éclairé que l’enregistrement de l’album s’est opéré, au rythme d’une chanson par journée et d’inspirations partagées.
Plus qu’une simple rencontre fortuite, c’est une véritable fusion qu’offre The John Venture. Un parfait mélange entre la haute et forte voix d’Angil et l’habile habillage électro hip-hop jazzy de Broadway. Cohésion qui s’impose dès les premier morceaux, comme sur le titre Coin-operated avec sa mélodie entêtante au piano et, par dessus, la voix d’Angil mâchant ses mots anglais avec une parfaite dextérité. Tantôt hip-hop, tantôt pop, The John Venture nous délivre d’admirables titres, à l’image du très hip-hop Stein Waltz où les voix conjuguées des deux groupes balancent les mots à la vitesse d’une mitraillette survoltée. A l’inverse, Night Shift Day Shift, plus pop dans l’esprit marie avec dextérité solo de trompette enivrée et guitare électrique pondérée.
Se terminant par une très belle composition piano/voix (Egg Music), The John Venture n’a point à rougir de ses modèles américains et peut même se targuer d’approcher les meilleures productions du label Anticon. Un vrai délice !
DrBou
Projet « oulipien » d’une musique sous contrainte, John Venture marque la rencontre de 2 entités Stéphanoises bourrées de talent et d’idées, Broadway et Angil Le concept était un peu fou et carrément casse-gueule : regrouper les 2 groupes pour 18 jours de création. Ils composeraient ensemble les titres le matin, les joueraient l’après-midi pour les enregistrer le soir…Avec l’idée de ne jamais ensuite revenir dessus. Angil a apporter avec lui des idées de textes (tournant beaucoup avec l’idée de prohibition), retravaillés, gribouillés par Fab de Broadway mais rendus fermes et définitifs après cette relecture. De même, chaque platiniste est venu avec une collection de vinyls pour « ambiancer » et à servir comme arrangements, sans espoir de repartir chez lui. Sans compter que tous sont venu avec leur propre sensibilité, son univers, electronica pour les uns, jazz pour les autres, folk pour Angil. Et La preuve qu’un concept et un processus fonctionnent, c’est tout simplement que l’on oublie tout ça en écoutant le résultat.
Avec John Venture, c’est bel et bien le cas. L’album est un tour de force dans sa conception mais une évidence dans son écoute. La musique souvent répétitive dans son premier plan, fait ressortir une profondeur de champs où chaque plan en apparence hétéroclites, enrichit le grand tout. John Venture entretient le rêve d’une musique globale qui mêlerait une multitude de genres (on ajoutera Abstract hip hop à la liste déjà donnée). Une musique qui peut être claustro (Stein waltz) ou ambiant (What extra miles et son côté Philip Glass). Un simple folk parasités par l’électronique (old Europe sur un type d’interférences proche de Thomas Mery) ou des constructions riches et complexes qui remuent les tripes (Approximate turnover compagny). Avec John Venture, les cloisons sont poreuses, tout comme les conceptions d’art populaire et d’art contemporain. Généralement ce genre de défi se passe ailleurs chez Anticon, entre Why ? and Fog, entre Themselves et Notwist (13&GOD). Aujourd’hui cela se passe chez nous, à St Etienne. On peut être vraiment fier. On le serait encore plus si tout le monde faisait un triomphe à ce petit bijou.
Denis Zorgniotti
En voilà un disque difficile à chroniquer. Un disque qui vous absorbe tellement qu'il devient ardu d'en parler. Un peu comme si vous aviez vécu une expérience métaphysique, impossible à partager. Il faut le voir, ou plutôt l'entendre (les deux en fait), pour le croire. Et pourtant il est aisé de passer à côté de cet album, après quelques écoutes superficielles. Au premier abord on croit à un énième clone de Why? ou à d'autres anticoneries (non il n'y a qu'un "n") maintes fois répétées. Fond abstrait, beats vaguement hip-hop et voix nasillarde qui ne sait choisir entre rap et pop. Voilà le type de jugement définitif que pourrait porter quelqu'un qui n'a que brièvement jeté une oreille au disque, ou alors une personne dotée d'une mauvaise foi surhumaine.
Car ça serait passer à côté de l'essentiel, se contenter de la surface sans chercher à gratter plus loin. Heureux que je suis, le disque était livré avec la clef qui me permettrait de m'y plonger. Ce sésame c'est un dvd, versant audiovisuel symétrique et incontournable de cette œuvre collective.
Collective, car on retrouve aux côtés d'Angil and the Hiddentracks les quatres bidouilleurs de B R OAD WAY (à qui on pourrait décerner la palme du nom le plus chiant à écrire). Ces mêmes gens qu'on a pu découvrir dans un 4-titres d'ambient hallucinée peuplée de cris d'oiseaux, telle une suite improbable au Ummagumma des Pink Floyd, glissé comme une pochette surprise dans un album de Fog circulant sur les réseaux p2p. De son côté, Angil est un groupe protéiforme obnubilé par la création sous contrainte, sorte d'OULIPO musicale (leur prochain album est presque un hommage à notre Georges Perec disparu, puisqu'il a la particularité d'être un lipogramme illustré en musique).
Vous comprendrez aisément qu'il convient ici d'utiliser ce terme, usé à force d'être usité par mes confrères : Ce disque est un ovni (ou plutôt un omni, pour l'adapter à notre propos).
Mais revenons donc à notre impression de départ. Monotonie. On se décide à regarder le dvd. Un océan de pixels gris déferle soudain sur notre rétine. Des images vaguement datées, pas de couleurs, des mouvements longs, ou pas de mouvement du tout. Et c'est alors qu'en se concentrant sur ce vide on perçoit enfin la richesse de la musique. Ca et là des sons de fanfares qui paraissent noyés sous des torrents de guitares lo-fi, tel un cri venant d'un autre temps. Guitares ou bleeps ? Notre oreille n'entend plus, elle écoute. Elle écoute ce chant des sirènes, cet appel irrésistible, cette purée sonore hypnotique qui nous refuse toute réflexion. Vous comprendrez maintenant pourquoi je ne puis écrire sur ce disque et l'écouter en même temps… C'est juste mu par des souvenirs vivaces de cette expérience stupéfiante, que me viennent les mots justes. Et encore, c'est tellement fade par rapport à ce rève monochrome, son épaisseur et sa richesse semblant se dissiper dès qu'on essaie de mettre le doigt dessus.
Vous verrez, vous aussi vous resterez des heures après la fin du dvd à écouter en boucle la musique introductive de Names, vous subirez les moqueries de vos amis, ne comprenant rien à cette expérience mystique digne d'une prise de datura ou autres racines hallucinogènes. Mais vous n'y croiserez pas les esprits de vos ancêtres ou des divinités animistes. Juste les sirènes de l'introspection absolue.
Rafiralfiro
Avec "Teaser for : Matter", son deuxième album, Angil signait en 2004 l'une des meilleures productions hexagonales. Associé cette fois au collectif électro-hip-hop stéphanois B R OAD WAY, qui assure ici tout le VJing, son free folk pousse encore plus loin ses expérimentations. Réalisé avec un cahier des charges ardu - neuf jours, neuf titres, neuf vidéos - cette joint-venture démarra avec un capital-risque, tant musical que visuel, certain. Le projet étant global, l'album est vendu accompagné d'un DVD reprenant tous les titres.
Il m'apparaît vite que ce genre de support vidéo, s'il peut être pertinent en live, est très vite ennuyeux calé au fond de son sofa, d'autant que musicalement chaque titre a également un poil tendance à s'étirer inutilement. Les conditions de création de l'œuvre doivent y être pour beaucoup, il n'est certes pas évident de prendre du recul avec un planning si serré. Néanmoins, hormis un "Night Shift Day Shift" fatigant, The John Venture propose de bien belles pistes et marie savamment samples, piano, guitares, xylophone, trombone... Le phrasé de Mickaël Mottet aka Angil, toujours aussi séduisant, navigue entre rap et berceuse, créant une tension salutaire et permanente. On passe ainsi, sans heurt, d'un sauvage "Stein Waltz" à l'éthéré "What Extra Mile?". La réussite de l'aventure tient plus à l'ambiance construite par ces protagonistes qu'à leurs performances. En bout de course ne demeure pas tant le sentiment d'avoir vu un film ou écouté un disque que d'avoir fini un bon polar. Déroutant.
François Le Doeuff
Le héros des temps modernes se nomme John Venture, création hybride née du folk expérimental d'Angil et de l'electronica sensible de Broadway. Entre les expérimentations de Johnny Greenwood sur Kid A et le trip incisif de Mogwai, la bande de Saint Etienne refuse de choisir. La vraie force de John Venture, c'est l'ajout des chromosomes d'Angil pour l'intime et de Broadway pour l'atmosphère. Et de John Venture comme de la majorité des marmots on ne saurait dire s'il tient plus du père ou de la mère.
Alors, finalement, The John Venture, c'est quoi ? Une joint-venture à l'américaine entre Angil et B R OAD WAY ? De l'électro-hip-folk ? Ni Angil ni B R OAD WAY ? Un film noir ? Warp et Anticon en visite en France ? Un peu tout ça ?
Et si The John Venture c'était tout simplement un équivalent français inespéré et néanmoins crédible à l'indépassable album de 13&God (on aurait également pu citer Hymie's Basement, mais le groupe en parle déjà très bien dans l'interview qu'il nous avait accordée en octobre dernier) ? Car comme l'avaient fait The Notwist et Themselves (Jel, Doseone et Dax Pierson du label Anticon) en 2004, deux membres d'Angil (plus deux autres aux arrangements de cuivres) et le quatuor B R OAD WAY, deux groupes aux sensibilités musicales a priori très différentes et pourtant nourris d'influences communes, se sont retrouvés à composer et enregistrer ensemble en un temps record (18 jours contre... 17 pour 13&God) un album qui synthétise le plus naturellement du monde hip-hop, électronica, pop et jazz en un même univers cinématique et impressionniste, ample et entêtant, tour à tour mélancolique, angoissé et lumineux. Mickaël d'Angil et Fabb de B R OAD WAY se partagent le micro, jouant sur les sonorités de l'anglais (ici pas de chant en français, mis à part un featuring de Soul Jah'Zz sur Night Shift Day Shift), oscillant entre phrasé hip-hop et chant plus classique, se jouant même de cette frontière ténue que Massive Attack a déjà abolie depuis longtemps.L'album est proposé avec un DVD contenant un clip pour chaque morceau. Une initiative originale et passionnante, qui permet non seulement à l'auditeur de retrouver les sensations ressenties en concert où ces mêmes vidéos, projetées en fond de scène et triturées par VJ Raize, ajoutent encore à l'hypnotisme de la musique du groupe, mais également de réinterpréter l'album à la lumière de ces petits films expérimentaux dominés par un noir et blanc expressionniste et influencés par le film noir et l'Amérique de la prohibition. Cet univers visuel s'appuie principalement sur des images d'archives des années 30, se servant de cette époque pour livrer un constat sur notre société actuelle. Le groupe garde ainsi une certaine distance et un regard critique, cette même distance avec laquelle les personnages de leurs clips, tout comme nous, spectateurs, regardent le plus souvent les images extérieures de la société au travers de fenêtres, vitres de voitures, lucarnes et qui leur permet de conserver une certaine indépendance par rapport aux évènements pour demeurer des témoins, sans interaction directe avec l'extérieur. Le groupe semble rapprocher notre époque de celle de la prohibition, où la corruption régnait en maître... de là à faire de The John Venture un Incorruptible, il n'y a qu'un pas que l'on peut allègrement franchir au regard de la radicalité toute personnelle de leur démarche.
Sur Names, une lanterne et les notes d'un piano éclairent le monde, tout comme le groupe qui joue le rôle d'un écrivain/journaliste tapant sur sa machine à écrire, témoin de son temps rendant compte de l'état de la société, de sa violence. La musique reflète cette ambiance de film noir psychotique, avec ses réminiscences de cuivres et percus inquiétantes, puis ses touches de guitares et d'électro industrielle qui assombrissent le décor. L'artiste (les musiciens de jazz dans le clip) doit être capable de guider, dénoncer, prendre position tout en laissant la liberté à l'auditeur/spectateur de choisir son camp... A la fin, la cloche semble vouloir réveiller la conscience collective, ou peut-être sonner l'issue imminente d'un destin dont la marche inéluctable était rythmé par le flow de Mickaël et Fabb tout au long du morceau.
Coin-Operated est beaucoup plus direct, avec son piano enlevé, son handclapping et son rap accrocheur. Le temps file au rythme rapide de ce conducteur de locomotive aux gestes mécaniques, qui emmène avec lui des centaines de passagers, défiant les éléments (brouillard, orage), sans jamais dévier de sa route vers un horizon plus clément.
Du piano simple et lumineux qui ouvre Imaginary Physical Ailments naît d'abord la mélancolie, puis la confusion et les tourments à mesure que s'ouvre le morceau aux bidouillages hantés de B R OAD WAY. D'ailleurs les images du clip se floutent, comme les idées, les souvenirs, bons ou mauvais, le font avec le temps, qui semble passer en accéléré au fil du tic-tac d'une horloge devenue folle. Le chant se fait mécanique, comme pour symboliser une vie dominée par la course effrénée du temps, contre laquelle le groupe semble lutter pour garder son passé en mémoire et s'en servir pour mieux avancer, ne pas refaire les mêmes erreurs. Les images semblent d'ailleurs naître de la peinture, comme l'artiste recrée ses souvenirs. A la fin, l'arrivée de cuivres chauds et majestueux crée un contraste fort entre la réalité d'une vie aliénée et l'aspiration de tout homme à la liberté.Ensuite, Stein Waltz démarre sur des claviers à la John Carpenter rappelant l'univers musical de Sole, sur lesquels s'entrecroisent bientôt électro schizophrénique et beats en décalage dominés par un flow urgent et angoissé. Tandis que dans son pendant visuel inquiétant, qui ressemble à s'y méprendre à celui du 1984 de George Orwell, les personnages se toisent et s'échangent des messages au travers de portes fermées.
What Extra Mile ? fait la part belle à un piano doucement hanté par des dérapages dissonants, tandis que la chaleur de cuivres jazz atmosphériques répond à la vie urbaine qui se déroule à l'écran. Puis le piano se densifie en couches bientôt ensevelies par des nappes de claviers.
La vidéo d'Old Europe laisse entrevoir un chef d'orchestre qui tente de conserver l'harmonie de son groupe. La guitare est acoustique, les percussions cristallines, pour un morceau particulièrement mélodique et lumineux. La mélancolie domine, mais au fur et à mesure viennent se superposer des images de fusillades en provenance de l'Amérique des années 30, auxquelles font bientôt écho des cuivres free et dissonants. Le chant prend le dessus sur le phrasé hip-hop, même si la frontière entre les deux demeure toujours insaisissable. Au travers de ces images et sonorités, l'influence américaine du groupe semble vouloir prendre le dessus sur l'harmonie fragile de cette Europe idéalisée et vieillissante (celle du chef d'orchestre), qui toutefois parvient encore à résister.
Sur Night Shift Day Shift, les paroles sont en grande partie expressionnistes et imagées, en particulier celles de Soul Jah'Zz en français, le collectif préférant jouer sur les sonorités et la musicalité des mots. Mickaël et Fabb rappent ainsi sous l'influence évidente de Yoni Wolf (Why ?). Le ton est revendicatif et l'ambiance plutôt sombre : programmations et guitares évoquent à nouveau la marche du destin, appuyés par des cuivres mariachis discrets et une petite touche ska à la guitare.
Puis les notes de piano égrenées et la guitare acoustique répétitive de l'envoûtant Approximate Turnover Company, dont les cordes vibrantes mais discrètes rappellent The Postal Service, renoue avec l'inspiration pop radieuse qui caractérisait Angil à ses débuts et prenait déjà le dessus sur Imaginary Physical Ailments. Puis le morceau gagne en rythme et s'ouvre à des cuivres amples et aux dissonances d'une guitare électrique, tout en demeurant toujours aussi mélodique et mélancolique. Et c'est de nouveau l'écrivain témoin de son temps que l'on aperçoit en plein travail devant sa feuille alors que les images qui défilent derrière évoquent les débuts de l'industrialisation de masse, du travail à la chaîne et de l'uniformisation sociale.
Enfin, Egg Music, avec son piano et ses percus impressionnistes, apaisé en apparence mais torturé au loin par des cuivres gémissants, semble d'abord nous présenter le générique de fin de cette aventure, mais l'histoire revient en arrière. La fin n'est qu'un éternel recommencement. L'histoire semble ainsi vouloir se répéter et ne jamais s'arrêter : la violence des fusillades refait surface et l'homme, le regard perdu dans le vide comme résigné, continue néanmoins de faire face aux évènements tandis que finalement, d'autres cuivres apparaissent, plus mélodiques, pour clore l'album sur une touche doucement rétro. L'avenir demeure donc ouvert pour The John Venture, et cet album, on l'espère, ne sera pas le dernier...
RabbitInYourHeadlights, darko
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