lunt | lunt (UR01 , 2001) |
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Premier album éponyme de ce jeune artiste toulousain. Derrière Lunt se cache la personnalité complexe de Gilles Deles aux compositions oscillant entre noisy-pop destructurée, folk désenchanté et post-rock sombre.
Interview de Lunt avec le webzine INDIEPOPROCK (Décembre 2001).
L'ouverture du CD nous invite à une apnée en ambiant sombre et brumeuse. Les arpèges de guitare dissonent avec un certain flegme, le moteur en bruite de fond monte implacablement, et, soudain, la deuxième plage débouche sur cet hymne pop, guitares noisy et maracas à l'appui. Couplets et refrains sont chantés d'une voix à la fois adolescente et un peu cassée. On dirait que LUNT est passé par My Bloody Valentine, et le chant fait ressurgir des voix qui seraient bien désuètes dans n'importe quel autre morceau, de longues notes soutenues sur fond de guitares saturées. Mais on pousse alors jusqu'au point où tout se brise : les guitares basculent comme dans une chausse-trappe, et le chant erre dans un monologue au delà du réel (Hope's Twilight, délicieusement schizophrénique). Sur la moitié des titres (les plus destructurés), Lunt préfère sampler des films tels que Trust Me. Cet album est la première sortie du label toulousain Unique Records, qui s'est juré de nous sauver de l'uniformisation du marché, et l'univers de Lunt, où les influences contraires se heurtent sans cesse les unes aux autres, nous ébranle parfaitement.
L'entrée dans ce premier album de Lunt se fait comme une plongée de nuit, dans une mer d'huile. Un long instrumental tout en ambiances, calme au premier abord, puis traversé de frissons electriques, de samples de voix en arrière plans. On pense à Sonic Youth, aux groupes de chez constellation comme Do Make Say Think. Changement radical de direction pour le second titre, chanté, plus simplement pop, aux limites du post-rock. Puis à nouveau c'est l'immersion dans un monde aux contours flous et mouvants. Mélange subtil d'ambiant et de noise. Avant d'alterner à une autre reprise. La musique de Lunt a deux visages bien distincts qui se fondent parfois sur les titres suivants, le chant propre aux côtés pop venant se poser sur les ambiances. J'avoue préférer leur travail instrumental, vraiment bien ficelé, le chant (Porutant correct) étant, à mon avis, encore perfectible. Ceci étant dit le disque est tout à fait bon et ce groupe pour le moins intéressant, possède de grandes capacités qu'ils n'ont pas encore toutes explorées.
Toulouse a décidément le don pour les musiques explosives. Le fameux chaos livré par le chant du cygne de Diabologum " #3 " continue de faire des vagues jusqu'à cette nouvelle incarnation du désordre répertoriée sous le nom de Lunt. Lunt ou la solitude éclatante. Décrit comme " un personnage étrange, capable de rester seul des heures dans son home studio a remanier ses compositions en éprouvant la matière sonore dans ses dernières limites ", Gilles Deles fait partie de ces musiciens pour qui l'inconfort est la recherche et inversement. Mais si ses deux chocs musicaux fondateurs semblent le " Spiderland " de Slint (groupe et album mythique comprenant à l'époque rien moins que Will Oldham, David Pajo et David Grubbs, aujourd'hui pontes du folk et du post rock américain) et l'œuvre de Sonic Youth, Lunt ne s'est pourtant pas contenté de livrer un des ces albums de post rock bruitiste tendance Mogwai ou Labradford qui réjouissent les puristes par leur monotonie mais laisse les amateurs classiques à la limite de l'ennui répétitif.
Car la solitude qui a présidé a la naissance de " Lunt " a donné à Gilles Deles la liberté de réunir des univers musicaux bien plus larges. Au cours de ce premier album aussi bien composé qu'équilibré, on croisera donc des montées d'adrénaline (The Black Butterfly, tendance Labradford) mais aussi des cocons post folk (Final Song, tendance Low), des poussées de fièvre (Hope's Twilight, tendance Sonic Youth), des ballades pop alanguies (Love Is Wasted Time, tendance Pavement), et même, sur One Day, un certain sens de la mélancolie évasée qui n'est pas sans rappeler les tout premiers Cure.
L'écoulement de toutes ces musiques réservées à un public averti reste pourtant fluide et évident puisque la majorité des morceaux sont, louable trahison du post rock, chantés. Ou de moins nimbés dans des paroles tantôt criées tantôt marmonnées où l'on devine que la joie et le bonheur ne sont évidemment pas l'inspiration première.
Acte fondateur d'un label (Unique Records, déjà à suivre) et d'un artiste (Gilles Deles), le premier album de Lunt s'avère donc un résumé plus qu'enthousiasmant des divers courants musicaux arides sans pour autant en emprunter les travers expérimentaux parfois trop extrêmes. En combinant musiques qui apaisent à l'esprit et mots qui cognent à l'âme, " Lunt " est de ces albums dont l'intelligence, la sensibilité et la remise en question permanente pourraient presque devenir communicatives.
L’album est sorti depuis quelque temps mais est resté discret malgré les louanges. Il n’est pas donc trop tard pour remarquer ce disque sensible et parfois dérangeant, où le chant peut se faire faux, l’accord raté, le son crissant. Ce one man band dirigé, écrit et mis en ondes par Gilles Deles est le travail de longues heures en home studio, choisissant comme l’apothicaire les ingrédients un par un, et tel le laborantin, mélange les bruits et la guitare, un peu à la façon de Sonic Youth dont il affectionne le côté bruitiste. On passe du morceau pop assez classique, bien qu’un peu tordu, à des titres nettement plus expérimentaux, où la guitare crie, où les bruits météo posent une ambiance déconcertante. Une nuit pluvieuse avec orage hurlant et rideau de gouttes non stop.
RSC
Pour Gilles Deles du label Unique Records, la guitare est aussi le vecteur d’une immense palette d’émotions. Sous le nom de Lunt, il parcourt les cordes pour leur faire dire leurs histoires les plus mélancoliques, superpose les arpèges discrets et les effets insectoïdes, les grincements et les drones. Le langage est vaste mais l’on ressent une grande unité dans la diversité, un esprit épris de nuances, rayons / cordes issus d’un même centre.
Seul maître à bord du vaisseau Lunt, Gilles Deles développe des ambiances très personnelles et assez familières. On est pas très loin des expérimentateurs de chez Constellation. 10 titres d'un post-rock bien noisy qui croise les guitares de Sonic youth aux passages planant de A Silver Mt Zion, en passant par les tapages bruitistes du « Spiderland » de Slint. Tout au long de cet album, les guitares installent un univers inquiétant et étrange. Dès le premier titre Loretta is Dreaming , Lunt pose ses conditions, un morceau sombre tout en nuances, aux nappes électroniques, craquements et guitares saturées version Dead Man, pour se finir en véritable déluge sonique. The closer absence et warm rain taste like tears sonnent comme deux ballades douces et mélancoliques que ne renierait pas My Bloody Valentine. On croise aussi un titre pop-folk Love is wasted time, qui semble tout de même un peu perdu dans l'univers de Lunt. On trouve également au détour de certains morceaux, quelques samples habilement utilisés de Michel Portal, Hal Hartley ou Bastärd. Sur cet album, Lunt réussi à assimiler plusieurs style en les mêlant aux musiques actuelles, avec une vision toujours très personnelle. 1ère production pour le label Unique Records, et le premier album d'un artiste à suivre… de près !
Stéphane Sapanel
Plus qu'un concert, la célèbre cave rue tripière verra naître le 1er festival du label indépendant UNIQUE RECORDS, chantre de l'expression artistique et farouche adversaire du consensus commercial. LUNT, jeune artiste toulousain à l'identité musicale post-rock expérimental, en est la signature fer de lance et l'un des membres fondateurs. Son 1er album, éponyme, presque entièrement écrit et réalisé par ses soins, est éloquent sur la démarche et l'exigence du label. Fouillé dans ses ambiances – inquiétantes et complexes, à l'image de la 1ère piste d'intro ou encore du morceau « the closer absence » - l'autre particularité de son premier album est cette propension à user de distorsions harmoniques et rythmique pour installer un malaise permanent. Lunt bâtit son univers à coups de riffs déchirants et d'harmonies tendues dont le désenchantement le dispute à la mélancolie du chant. Soigné et déstabilisant. A ses côtés, on comptera également CALL ME LORETTA et A PLACE FOR PARKS
Tout commence par un morceau de plus de 7 minutes, " Loretta is dreaming ", atmosphérique, répétitif, minimaliste, sombre, aux croisées de Pan Sonic, Labradford et Godspeed You Black Emperor!. Eteignez la lumière et vous serez immédiatement transportés aux Instants Chavirés à Montreuil. On retrouve cette ambiance à la fois complexe et intime tout au long de ce premier album de Lunt, par ailleurs première référence du label Unique Records dédié à l'expérimentation et à l'exploration sonores. Peu à peu viennent se greffer quelques samples ci et là ainsi que de courts passages lorgnant aussi bien vers une pop aventureuse que vers le rock indé bruitiste, à la manière de Sonic Youth dont l'intéressé revendique à juste titre l'influence. Guitare bien en main, Lunt vous invite à découvrir des territoires musicaux peu fréquentés mais pour autant souvent mélodiques et remplis d'émotion. De plus, notre homme a composé et produit le tout himself à la maison, on ne peut donc que le féliciter.
LL
Unique Records, voilà un nom qui a au moins le mérite de prévenir immédiatement l'auditeur. Ce label indépendant toulousain fera tout son possible pour se démarquer des productions musicales habituelles, et nous le prouve avec sa première sortie, à savoir l'album éponyme de Lunt. Petit coup d'œil sur la bio pour découvrir que Lunt est en fait le fruit du travail d'un seul musicien, Gilles Deles, grand admirateur de Sonic Youth. On retrouve cette influence sous diverses formes, que ce soit pour le côté parfois bancal de sa musique ou pour l'apparition de guitares furieuses et bruyantes. Et dans ce style, "One Day" se révèle être une merveille : les guitares noisy apparaissent par intermittence pour finalement exploser sur toute la fin du morceau, pour deux minutes de déluge sonique. On retrouve également ce goût pour un rock noisy sur les excellents "Hope's Twilight" et "Witness", qui alternent moments calmes et passages plus bruitistes, le tout acompagnés de sons électros parfaitement utilisés. Mais Lunt ne se contente pas de puiser son inspiration dans l'œuvre de Sonic Youth, son premier album contenant en effet un éventail de styles beaucoup plus large. Lunt se laisse ainsi aller à des expérimentations planantes ("Loretta is dreaming") et sombres ("The black butterfly", "Waiting for expectations") et côtoie des rivages post-rock sur des titres tristes et émouvants ("The Closer Absence" et "Final Song"). On retiendra en particulier l'instrumental "Warm rain taste like tears" qui rappelle les ambiances chères à Tom Sweetlove. Lunt nous gratifie même d'un morceau construit sur une base folk et agrémenté de guitares électriques abrasives ("Love is wasted time") que ne renierait pas Swell. Sur cet album, Lunt a su gérer, avec brio, des influences aussi diverses que le rock noisy, le folk, le post rock et l'électro pour construire un album cohérent qui ne peut laisser l'auditeur indifférent. Cet album m'a ravi, espérons qu'il en soit de même pour vous...
Des lignes de guitares à la SONIC YOUTH ou à la PIANO MAGIC, une tension permanente et impalpable, des textes sombres et subtiles, voici quelques unes des caractéristiques du premier album de Gilles Deles, alias LUNT. Un disque emprunt d'une maturité étonnante, qui se situe entre un post-rock noisy et une sorte de folk avant-gardiste. Tantôt bruitiste, tantôt épuré, ce disque éponyme contient des morceaux incontournables, évocateurs et phosphorescents : The black butterfly, One day, Witness…Le parlé/chanté est rempli d'émotions et toujours en décalage par rapport aux mélodies ; seul l'accent français, un peu trop appuyé, peut être avancé comme un défaut.
A écouter absolument, cette première référence du label Unique Records est un gage d'espérance et d'excellence pour l'avenir.
Quentin Deve
Des lignes de guitares à la SONIC YOUTH ou à la PIANO MAGIC, une tension permanente et impalpable, des textes sombres et subtiles, voici quelques unes des caractéristiques du premier album de Gilles Deles, alias LUNT. Un disque emprunt d'une maturité étonnante, qui se situe entre un post-rock noisy et une sorte de folk avant-gardiste. Tantôt bruitiste, tantôt épuré, ce disque éponyme contient des morceaux incontournables, évocateurs et phosphorescents : The black butterfly, One day, Witness…Le parlé/chanté est rempli d'émotions et toujours en décalage par rapport aux mélodies ; seul l'accent français, un peu trop appuyé, peut être avancé comme un défaut.
A écouter absolument, cette première référence du label Unique Records est un gage d'espérance et d'excellence pour l'avenir.
Quentin Deve
Utilisant les détours complexes de la guitare, ses chemins de traverses, le champ de ses possibles, Lunt -Gilles Deles tapisse les recoins de nos désirs de vibrations saines, propices à l'évasion : une exégèse de ses travaux les plus aboutis, des partitions intimistes, qui se jouent à la clarté dispendieuse de la lune ou se superposent en strates référencées, filtres, samples de voix lointaines, et tournures de style, vocabulaire rythmique emprunté à la musique classique jamais éloigné de Bästard (the black butterlfy) ou des expérimentateur de Rune Grammophon (Loretta is dreaming), mais dans une approche plus personnelle, solitaire, pourrait-on dire. Un talent qui se confirme notamment dans sa quête de source, où Albert Ayler, Hal Hartley, Bästard et Michel Portal se croisent au détour de samples ciselés. Un bémol : Love is wasted time avec ses accents pop fait un peu tâche dans le beau développement de l'album.
Un carrefour d'influences aériennes et dissonantes se joue sur Hope's twilight (superbe) Waiting for expectations, ou one day, jamais très éloignés de My bloody valentine, Joy division ou des premiers Ulan Bator (2°), autant de titres et d'artistes chez qui on retrouve ce même soin consommé à la composition de ballades froides et brumeuses.
JJ
Gilles Deles voue une admiration à Sonic Youth et leurs guitares électriques. Tout comme le groupe new-yorkais, il est ouvert au jazz et à l'électronique. Avec l'aide de ses amis du label toulousain Unique Records (monté sur cette rencontre), il livre un 1er album sous le nom de Lunt. Les compositions oscillent entre l'électrique et le folk, entre bruits et silences. On croise également dans l'univers de Lunt quelques réalisateurs "arty", Hal Hartley et Kevin Smith à l'occasion de samples. Enfin je vous laisse découvrir tout ceci, puisque Lunt mérite votre intêret ! »
Nous étions sans doute un certain nombre à penser le vaisseau de Daydream Nation (Sonic Youth, 1988) définitivement perdu dans l'espace interstellaire. On avait bien retrouvé quelques restes post-rock, de-ci de-là, mais jamais vraiment rien de bien concluant. Lunt semble pourtant nous apporter d'autres nouvelles : l'odysée continue, l'équipage a changé mais le plan de vol reste le même. Alors, évidemment, on a envie d'y croire. Et on suit donc Lunt dans ce premier album plein d'ambitions. Incontestablement, Lunt maîtrise parfaitement les machines et sait en faire ressortir toute l'étrangeté : une atmosphère vaguement inquiétante s'installe très vite, on se laisse porter par une guitare qui semble pleine de mystérieuses promesses, à peine distrait par moments par quelques échantillons venus d'ailleurs et de grandes accélérations bruyantes. Parfois l'engin a des petits ratés, des petites faiblesses, notamment au niveau du chant, mais à part cela, et pour notre plus grande joie, le voyage sonique reprend, en effet.
PhC
Avec LUNT Unique records se lance dans la grande aventure de « l'indépendant » même si le terme est réguliérement baffoué. Dans ce cas de figure il est adéquat. LUNT est le pseudo de Gilles Deles un activiste et passionné de musique « déviante ». Il nous fait découvrir sur son album éponyme ses introversions musicales.
On ne peut pas se fixer sur un style musical unique à l'écoute de l'album mais plutôt à une appropriation intelligente de diverses influences tel que le folk, le post rock, l'électro… Il y a une approche LO.FI « one day », « love is wasted time » dans le traitement du son qui vous ramène au meilleur de Pavement. Les samples sont assez « Labradfordiens », brumeux ,sombres mais légers « Loretta is dreaming », « Warm rain taste like tears », « Final song ». Mais LUNT brouille les pistes sonores et peut pencher du coté expérimental Guitaristique « Hope's twilight », « the black butterfly ». L'internationale ne peut qu'encourager ces initiatives .
Derrière ce nom de Lunt se cache Gilles Deles, l'unique personne aux commandes de ce projet qu'à défaut de mieux, on qualifiera de post-rock. Car la musique de Lunt est assez inclassable, toujours à la limite de l'expérimentation. "Love is wasted time" et ses slides guitares saturées reste la seule incartade vers un monde folk-rock balisé mais toujours fréquentable.
Pour le reste, Lunt navigue à vue dans des eaux forcément troubles. Le long "Loretta is dreaming" en ouverture nous immerge dans ce monde où il faudra oublier ses repères. On pourra citer Labradford, Mogwai ou Sonic Youth (" Hope's twilight" ou "one day" parmi les meilleures réussites de l'album). Mais force est de reconnaître que la musique de Lunt obéit à une alchimie qui lui est propre. Cette musique d'ambiance et de textures (en plus de "Trust me" de Hal Hartley, Gilles sample des bruits du quotidien) trouve son équilibre en opposant le silence et le bruit, le vide et le plein. Le nouveau label toulousain qui accueille Gilles Deles porte bien son nom : unique records.
Loretta Is Dreaming, comme le jour qui se lève et enveloppe pas à pas l'espace. Sans trop de soleil. Des bribes électroniques, des cordes de guitares qui s'éveillent et s'étirent patiemment, en ouvrant lentement les yeux sur le miroir déformé du monde. Premiers dialogues lancinants avec l'électricité ambiante, les tensions du silence brisé et la vie alentour (le poste allumé ou l'orage qui s'annonce). Sur son premier album, Lunt (l'unique Gilles Delès) entrouvre la porte d'un univers aux contours un rien schizophrènes, dans lequel les accents noisy-pop suivent de près les ombres instrumentales, ces atmosphères malades et pesantes qui ont perdu la parole sur les routes sombres et déstructurées de l'électricité.
Chez Lunt, les guitares se portent libres comme chez Sonic Youth, avec les mêmes mots emplis de violence sourde, en suivant du regard les fréquents changements d'humeur du ciel. Ne pas se fier donc au folk torturé de Love Is Wasting Time : si Lunt reprend parfois une histoire familière, c'est en partant vers l'inconnu, l'intime enfin à découvert, dans le bruit et les silence étouffés, là où les voix se sont depuis longtemps tues, que sa musique se fait la plus passionnante : une musique vivante qui suit son propre bourdonnement sur un fil tendu, les yeux fermés, quitte à s'écorcher sur des paysages épineux, à faire chavirer son rythme cardiaque, à bousculer ses certitudes.
Des certitudes, il n'y en a finalement peu sur le disque de Lunt, comme si cette musique restait inachevée, abandonnée sur le bord d'une route américaine avec les beautés cassées de ses sentiments (Warm Rain Taste Like Tears ou le très beau Final Song). D'où cette profonde soif d'être humain, de se laisser enfin envelopper par cet étrange blues fiévreux et saturé, cette chaleur triste en équilibre fragile, ces larmes contenues dans quelques mesures lunatiques de bruit blanc, de mélodies tortueuses et de mots rares brûlés par la vie, qui éclaireront quoiqu'il arrive les nuits à venir.
Lunt est aussi mystérieux que sa pochette, un bâtiment froid, sortant du noir par une lumière intime, sorte de fondation sortie de terre depuis le mon oncle de Tati. Entre la lumière et le noir Lunt n'a pas choisi, préférant nous laisser dans le doute quitte à décontenancer l'auditeur et déstabiliser nos sens. Loretta is dreaming est un lâchage de la bombe atomique de docteur folamour, histoire de pouvoir reconstruire sur un terrain en friche. Sur celle ci Lunt décline une folk song détraquée (love is wasted time) qui fulmine en incantation proche de cette d'house of love en pleine forme. De son penchant vers le visuel sortira The black butterfly une déclamation là haut sur la lune en cinémascope. Car sur la lune il vaut mieux s'y réfugier quand arrive Waiting for expectations, ambiant et instable, dans une jungle aux bruits inquiétants. Lugubre et dépaysant, tout comme One day, chanté et hanté. Morceau qui imbrique dans un rythme simple une ambiance de fin de vie dans la déconstruction. Tourneboulé, chaviré, extenué, the closer absence ne sera pas notre répit, un post rock ou une chanson folk, on ne sait plus très bien, et lunt non plus, lui se laissant porté au gré de l'improvisation. S'il habitait sur les côtes, sa musique serait marquée par les vagues de la mer. Voulant sortir de cet univers, Warm rain taste like tears happé d'une main par Lunt, nous happe à son tour pour nous emmener, loin, car sur Witness Lunt est loin. Tout juste perceptible sous des tonnes de micros sonorités hybrides. Un post rock sans balise se plongeant dans une fin " sonic youthesque ". Le gang de new York sera d'ailleurs l'influence de cette fin (final song) qui prend autant ses racines chez syd barret que chez eux. Une chanson de fin cataclysmique sur du cours terme, mais aussi la remise en cause du principe même de stabilité. Lunt est instable, nous faisant chavirer pour mieux nous effrayer. Mystérieux et unique..
Gérald De Oliveira
Lunt est le jouet de Gilles Deles. Il enregistra la totalité de l'album seul. Terrifiant. Son premier album commence avec un long morceau instrumental de 7 min 50, la bande son perturbée d'un film imaginaire dérangeant. "Love is Wasted Time", le second titre, est une pop song qui se transforme au final en une chanson postrock démente.
Rien n'est certain. Hormis quelques expérimentations noisypop, la majeure partie du disque ressemble à A Silver Mt Zion en plus fou et plus bruitiste. C'est un travail ambitieux, certains pourraient même dire prétentieux. J'ai toujours eu tendance à adorer les disques monolithiques qui sont soit adulés soit rejetés. Avec ses mélodies prenantes, son utilisation intelligente de samples de films, de boucles et d'arrangements ingénieux, les chansons de Lunt sonnent à la fois luxurieuses et épurées. Leurs structures labyrinthiques nous emmènent directement pour un voyage dans l'enfer intérieur de l'auteur.
Un début impressionnant.
À travers ce premier album, Lunt, alias Gilles Deles, dévoile un univers mélancolique et langoureux plutôt séduisant. Les premières sonorités du disque nous plongent en pleine énigme atmosphérique, pas si loin d'un remake du "Middle" des Pink Floyd. Puis la suite oscille entre mélodies pop et ambiances postrock. Le mot est lâché. Car, si le terme définit encore un style, alors Lunt désire sans aucun doute y être rattaché. Mais où se cache la sensibilité personnelle ? L'effort reste trop rattaché aux disques de ses idoles. Les guitares épurées sont belles, les samples bien choisis, les ambiances feutrées… Malheureusement, si tout cela aurait pu donner un album excitant il y a quelques années, il tombe aujourd'hui dans tous les clichés du style. Comment ne pas sentir la marque indélébile du premier album de Purr (chant et samples), lui-même marqué à l'époque par le "Spiderland" de Slint ? C'est dommage, car pour un album fait tout seul, Lunt prouve de grande capacité de composition, et une maîtrise indéniable de ses instruments et des mélodies qui en sortent. Il ne lui manque pas grand-chose pour sortir un deuxième album marquant ; juste sortir de ses influences, et trouver sa voie. En attendant, il n'est pas le premier à tomber dans le piège, et montre, contrairement à d'autres, beaucoup de talent, donc je resterai indulgent, et j'attends de voir l'orientation que prendront ses prochaines productions.
[mg]
A l'écoute des dix titres de son album éponyme un constat s'impose: le noir sied bien à Lunt. Les expérimentations sonores présentes sur cette album ont en effet une tonalité commune: une certaine noirceur, mais entendons-nous, Lunt évite l'écueil d'un album claustrophobique et glauque, et ne s'enferme pas dans une désespérance sans issue. Loretta is dreaming, morceau d'ouverture, sorte de croisement qui aurait viré au cauchemar entre Rothko et Tortoise, étire ses atmosphères crépusculaires à coup de guitares distordues sur fond sonore inquiétant. Love is wasted time est une pop song déviante qui titille l'auditeur grâce à des sons de guitares savamment trafiqués. La suite de l'album confirme le goût de cet artiste talentueux pour les guitares, dont il tire des sonorités étranges et variées. Une grande attention est portée aux ambiances sonores:Lunt a fait le choix d'un post-rock sombre, mais étrangement, l'auditeur sort souvent épaisé de l'écoute de certains morceaux, comme sur The black butterfly. Attardons nous un peu sur Hope's twilight, magnifique morceau où le chant mélancolique de Lunt s'accorde délicieusement aux guitares : un rêve flottant que l'on souhaiterait entendre se prolonger. Waiting for expectations, One day le confirment: Lunt avance en équilibre sur un fil musical tendu entre dissonance et sonorités plus caressantes. Cet entre-deux fragile fait paradoxalement la force de cet album, sa difficulté d'approche peut-être aussi: la musique de Lunt, comme toute bonne chose, se mérite! Imogen
Lunt se résume au bon vouloir d’un seul homme : Gilles Deles. Ce Toulousain n’a semble-t-il pas eu à se soumettre aux compromis qu’engrange une vie en groupe, en cercle fermé. Il vaut donc mieux être seul que mal accompagné comme dit le dicton. Le voilà seul pour son album éponyme et cela s’entend pour le meilleur comme le pire. Un départ expérimental ambiant dans des nimbes rappelant vaguement les atmosphères de Programme (autres Toulousains ), cette entrée a de quoi créer l’interrogation, qu’est-ce que sera la suite ? elle s’articulera en grande partie sur la guitare ( à la fois folk, rock, noisy, esseulée ), la batterie fragile et répétitive, un jeu d’effets qui déboulent et enrobent. Sonic Youth a probablement insufflé une envie profonde à Deles, l’envie d’apprivoiser par des chemins de traverse, un espace vierge et flou pour en concevoir le décor. Un lieu aux contours nébuleux, brumeux et inquiétant. Lunt s’invente également des personnages, des voix et paroles sur un ton monocorde. Deles aurait pu, aurait dû sabrer sur la durée, recentrer ses tentations afin de mieux les élever à la hauteur de ses inspirations. Lunt ne manque pas d’idées, loin de là, mais une traversée en solitaire se prépare minutieusement car les erreurs se paient comptant.
Gilles Deles, el primer artista en el que se fijó Gerald Guibaud para poner en marcha Unique Records es un músico prácticamente autosuficiente que asocia la acción de componer música a la idea de experimentar (mejor dicho: 80% experimentación + 20% reciclaje). Así surgen composiciones como "Waiting for expectations" que podría figurar en la banda sonora de alguna película de David Lynch con esa atmósfera tan inquietante. Y no es la única con hechuras de banda sonora, porque hay más muestras en el álbum de música con texturas cinemáticas, sirva también como ejemplo el primer corte, "Loretta is dreaming". Hay que decir que el espíritu de los Hood más inquietos sobrevuela en algunos momentos el disco (os suena de algo "Filmed initiative?) y que éste también tiene unos cuantos retales cosidos a base de noise que van desde los Pavement del "Wowee Zowee" de "Love Is Wasted Time" a algún que otro arrebato guitarrero a lo Sonic Youth, el grupo favorito de Lunt.
Morgan
Le label toulousain Unique Records a été créé à la base uniquement pour commercialiser la musiquede Lunt, sur l'initiative d'un ami du musicien, ébloui par ses enregistrements. Unique n'existerait passans Lunt, et ce dernier le lui rend bien, en offrant au label une première production de grandequalité. Tout commence par un magma sonore saisissant, entre élucubrations expérimentales etlarsens de guitares à la Sonic Youth. Les autres titres se situent ensuite dans la lignée des morceaux mélodiques du fameux combo new-yorkais, avec des réminiscences de Pavement ou Will Oldham.
Un folk expérimental et minimaliste, parfois puissant et embrouillé, parfois intimiste et touchant. L'album est truffé de trouvailles sonores intéressantes, parsemant les morceaux de bruits et de séquences amplifiant ainsi la richesse des compositions. Un très bel album pour un songwriter au talent indéniable, puisant l'essence même de sa musique dans ses influences les plus honorables, touten laissant éclater son autonomie de la plus belle façon.
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